La liberté d'expression couronne la lente maturation de sociétés

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Nous sommes les héritiers des modernes du XIXème siècles, mais notre modernité prolonge cet héritage non sans certaines ruptures. Les transformations sociales, technologiques et politiques qu'ont connues nos sociétés au XXème siècle et en ce début du XXIème siècle, appellent un réexamen des modalités d'exercice et des frontières de la liberté d'expression.

Pour y contribuer, nous pouvons nous demander ce que, de nos jours, un Britannique, un Italien, un Tunisien et un Français entendent par le mot de "liberté d'expression".  Chacun s'exprimera à coup sùr selon sa perspective nationale et avec les outils de sa tradition juridique. Mais au-delà de ces particularismes, apparaissent des points de comparaison, des zones de convergence et, surtout, un socle de garanties communes. Car nos sociétés sont confrontées à des défis similaires et transfrontaliers, et elles sont impliquées, à l'échelle du bassin méditerranéedans le mouvement général de rapprochement des droits fondamentaux et d'imbrication des ordres juridiques.

Dans ce contexte, les besoins de coopération et de concertation se sont intensifiés.

Essayons de faire que ces journées démontrent que nous partageons des garanties communes et que nous aurons, à l'avenir, à relever ensemble  des défis inédits.

A la liberté d'expression on oppose le principe de censure. Elle peut prendre plusieurs formes. Dont celle fréquemment employée par l'Etat encore aujourd'hui est la censure postale, par laquellnts et les corporations se permettent de vérifier le contenu des correspondances privées entre particuliers surveillés, plus que jamais d'actualité à l'ère de l'Internet et des réseaux sociaux. Ils existent également les formes de censures indirectes : Les médias concentrés qui achètent et modifient les plus petits distributeurs, les établissements de savoir qui négligent volontairement certaines oeuvres et les rendent inaccessibles et enfin, l'auto-censure et la censure par pression sociale, par laquelle un groupe un groupe fait comprendre par la protestation que l'opinion exprimé est considéré comme indésirable.

Un autre défi que soulève l'exercice contemporain de la liberté d'expression à trait à la régulation des réseaux et des espaces numériques. Les technologies numériques ont boulversé, avec une rapidité étonnante, nos modes de production, de consommation et de communication, jusque dans le détail de nos manières de vivre. Elle ne régissent plus seulement le périmètre restreint du secteur des télécommunications ou des services informatiques, mais elles stimulent désormais l'ensemble de notre économie et de nos pratiques sociales. A l'ère des réseaux sociaux, du big data, des "data brokers" et du profilage tous azimuts des comportements, un saut qualitatif a été franchi dans la collecte et le traitement des données numériques. Les technologies numériques entretiennent dés lors des rapports ambivalents avec la liberté d'expression: elles facilitent son exercice et amplifient sa portée, tout en la menaçant d'une hypertrophie anarchique et déstabilisante. Face à cette ambivalence, que faire?

Ridha Ben Slama

Consultant, Ecrivain

 

N.B: Ce texte est tiré de l'intervention de l'auteur donnée lors d'un débat sur l'éducation aux médias liée à la liberté d'expression dans le domaine culturel. Ce débat était orgnisée le 9 mai 2016 à Nabeul dans le cadre des RENC EUROMED '2016.